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trer, et nous confie son projet, parce qu’il n’a qu’un projet.

Il donnera toujours de mauvais conseils. En revanche Burrhus en donnera toujours de bons : et cette compensation, loin de compenser quelque chose, mettra en relief l’absence de vie qui est leur partage à tous les deux.

Oreste aime Hermione. (Je persiste à croire que ce mot d’amour est employé là par l’ironie.) L’intérêt de la situation serait ici tout entier : c’est un homme malheureux, maudit par les dieux, par les hommes : il cherche un refuge contre sa destinée dans l’amour d’une créature exceptionnelle qui lui ouvrirait un asile contre l’universelle proscription.

Ce point de vue n’est pas même indiqué dans la tragédie. Pour ouvrir cet horizon, il eût fallu montrer Oreste et Hermione dans l’universalité de leurs relations ; il eût fallu un Oreste complet, une Hermione complète, deux êtres vivants : il eût fallu montrer par quelle sympathie secrète Oreste était attiré vers Hermione, sympathie puisée au fond de lui-même ; il eût fallu établir entre Hermione et les autres femmes un contraste, au moins apparent, qui rendît plausible l’illusion d’Oreste, et expliquât pour lui l’espérance d’un refuge. Il eût fallu qu’environné du désespoir, il eût aperçu l’espérance représentée par Hermione seule : il eût fallu que cette figure se détachât à ses yeux sur le monde entier pour lui offrir la paix. Ainsi sa dernière déception serait vraiment terrible. Les