Page:Hello-Les Plateaux de la balance, Perrin, 1923.djvu/199

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

admirer le dévouement avec lequel il immole ses plus chères affections, quand il s’agit d’éclairer les autres.

Agissant ainsi, parlant ainsi, sentant ainsi, l’envieux ne sait pas toujours, avec une conscience nette et précise de son infamie, qu’il parle ainsi, qu’il sent ainsi. Quelquefois il répand son venin comme la fleur donne son parfum, sans intention bien déterminée. Et plus il est réellement l’envieux typique, plus il ignore son acte. Il est à la fois dupe et fripon. Le véritable envieux est celui qui se trompe lui-même, après avoir trompé les autres sur la nature des sentiments qui le poussent. Et cependant il est plein de ruses, plein de malices, plein de subterfuges. Mais ces ruses, ces malices, ces subterfuges égarent quelquefois sa propre conscience, autant que la conscience des autres. L’instinct agit dans l’envieux plus que toute autre chose. C’est l’instinct qui le pousse à ravaler ce qui est grand. C’est l’instinct qui lui enseigne la manière de ravaler. C’est l’instinct qui choisit ceux qu’il faut ravaler, ceux qu’il faut exalter outre mesure.

C’est l’instinct qui lui dit : Le danger est ici, abaisse ; le danger n’est pas là, exalte.

Pour l’envieux la vie est un labyrinthe, mais son instinct est le fil d’Ariane ; l’Envie possède, plus que les autres vices, l’instinct de la conservation.

Elle appelle à son secours toutes les apparences ; elle est d’autant plus féconde en expé-