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garder, envers et contre tout, le pouvoir. Il serait injuste de reprocher aux gouvernants cette attitude. Elle leur est imposée par la nature des choses et par l’humeur querelleuse des gouvernés. L’effort des peuples, qui devrait seconder l’effort de la souveraineté, pour la conquête physique, intellectuelle et morale de toute chose bonne et belle, se tourne contre la souveraineté. Le peuple attaque la souveraineté, qu’elle s’appelle monarchie ou république, non pas seulement quand il est mécontent de ce qu’elle fait, mais par cela seul qu’elle est la souveraineté, c’est-à-dire toujours et partout.

Le fameux : ôte-toi de là, que je m’y mette, est devenu l’histoire du monde et la loi du mouvement. Et quand celui qui voulait prendre la place l’a prise, on commence à lui faire ce qu’il a fait aux autres, et ainsi de suite. L’effort de la souveraineté, qui devrait être libre pour diriger de toute sa puissance la guerre de l’homme contre le mal, pour affermir, pour garantir, pour éclairer sa marche défaillante, cet effort infiniment précieux, infiniment nécessaire, se tourne tout entier vers une lutte à la fois obligatoire et mesquine : garder le pouvoir.

Cette lutte intestine, insensée, fratricide et parricide est également fatale à tous. Elle empêche les grands peuples. Elle empêche les grands hommes d’État. Elle ouvre la porte aux malheurs qui n’attendent qu’elle pour entrer, et qui, d’ailleurs, trouvent les hommes