Page:Heine - Poëmes et légendes, 1861.djvu/9

Cette page n’a pas encore été corrigée

pu résister à la tentation de reproduire les quelques lignes qui accompagnent le Livre de Lazare.

En reproduisant également la préface qui précède le poème Germania, conte d’hiver, j’avais oublié de remarquer que ces paroles étaient destinées au public allemand et non pas au lecteur français, qui trouvera probablement ce poème de Germania parfois trop germanique et trop peu intelligible. J’avoue qu’il y a là une fourmilière d’allusions tudesques, qui auraient besoin de plusieurs volumes de commentaires. En outre, il s’y trouve une foule de passages où la pensée de l’auteur pivote sur des rimes bouffonnes et grotesques, dont l’absence doit rendre la version française quelquefois très-flasque sinon insipide.

C’est toujours une entreprise très-hasardée que de reproduire dans la prose d’un idiome roman une œuvre métrique qui appartient à une langue de souche germanique. La pensée intime de l’original s’évapore facilement dans la traduction, et il ne reste que du clair de lune empaillé, comme a dit une méchante personne qui se moquait de mes poésies traduites.

Je te salue, cher lecteur, et je prie Dieu qu’il t’aie dans sa sainte et digne garde.


Henri Heine
Paris, ce 25 juin 1855.