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la chose avec soin, nous n’avons pas du tout besoin d’empereur.

Pourtant, si vous voulez à toute force un empire, s’il vous faut absolument un empereur, ô chers Allemands, ne vous laissez pas séduire par l’esprit et la gloire.

Ne choisissez pas un patricien, choisissez quelqu’un de la plus basse plèbe. Il ne faut élire ni le lion ni le renard, mais le plus stupide des moutons.

Il faut élire le fils de Colonia, le Cobès de Cologne. Dans l’ordre de l’imbécillité, celui-là est presque un génie. Ce n’est pas lui qui se moquera de son peuple.

Un soliveau est toujours le meilleur des monarques, Ésope l’a montré dans sa fable : il ne nous mange pas, nous autres pauvres grenouilles, comme la cigogne avec son long bec.

Soyez sûrs que Cobès ne sera pas un tyran, ce ne sera ni un Néron ni un Holopherne : ce n’est pas un cœur cruel à l’antique, c’est un cœur doux, un cœur de sot moderne.

L’orgueil des boutiquiers a dédaigné ce cœur, mais l’infortuné s’est jeté dans les bras des ilotes du travail, et il est devenu parmi eux la fleur des pois.

Les frères du compagnonnage ont pris Cobès pour président. Il a partagé avec eux leur dernier morceau