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XIV

MIMI

« Je ne suis pas une petite chatte bourgeoise et bégueule. Je ne tourne pas mon rouet dans une chambre de dévote. Sur le toit, au grand air, je suis une chatte libre.

« Lorsque je rêve sur le toit, pendant les nuits d’été, à la fraîcheur, la musique gronde et ronfle dans mon cœur, et je chante ce que je sens. »

Ainsi parla Mimi. Aussitôt de son cœur jaillissent de sauvages chants de fiançailles, et l’harmonie attire de toutes parts les jeunes gars de la tribu des chats.

Tous les jeunes gars de la tribu des chats grondant, ronflant, ils viennent tous, ils viennent faire de la musique avec Mimi, ardents d’amour, altérés de plaisir.

Ce ne sont pas des virtuoses qu’un art profane dégrade pour un salaire ; tous ils restent les apôtres de l’harmonie sacrée.

Ils n’ont pas besoin d’instruments ; ils sont eux-mêmes violon et flûte ; leurs ventres sont des timbales ; leurs nez sont des trompettes.

Ils élèvent toutes leurs voix ensemble dans un majestueux