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soupe moi-même ; — le foyer de la cheminée s’est éteint ; vite, apportez-moi du feu, un brin de feu. »

À peine la perfide a-t-elle prononcé ces mots, les scarabées s’envolent au plus vite ; ils vont chercher du feu, et bientôt ils sont loin de la forêt natale.

Ils aperçoivent des lampes brillantes (c’était, je crois, dans un jardin illuminé), et les amoureux, emportés par leur aveugle ardeur, se précipitent dans le feu des lampes.

Les flammes des lampes dévorèrent en petillant les scarabées et leurs cœurs amoureux. Les uns payèrent de leur vie, les autres ne perdirent que leurs ailes.

Oh ! malheur au scarabée dont les ailes sont brûlées ! dans un pays étranger, il faut qu’il rampe comme un ver au milieu d’insectes humides qui répandent une odeur infecte.

L’infortuné scarabée ! c’est alors qu’il se lamente : « Oh ! la mauvaise société est une des plus terribles plaies de l’exil. On est forcé de vivre avec un tas de vermine, avec des punaises même,

« Qui nous traitent comme des camarades parce que nous habitons le même fumier. Déjà le Dante, le disciple de Virgile s’est plaint de cet ennui insupportable : poète en exil il a chanté l’enfer.

« Je pense avec tristesse au temps plus heureux où,