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Dans de pareils moments , je déborde de tendresse et de désir. Les chats me semblent tous gris, les femmes me semblent toutes des Hélènes.

Et lorsque je fus à la rue Drehbahn , je vis à la lueur de la lune une femme de haute stature, une femme aux appas merveilleusement développés.

Son visage était rond et frais , ses yeux comme des turquoises, les joues comme des roses, sa bouche comme des cerises, et le nez aussi un peu rouge.

Sa tête était coiffée d’un bonnet de lin blanc et empesé, plissé en forme de couronne murale avec des tourelles et des créneaux dentelés.

Elle portait une tunique blanche qui lui descendait jusqu’aux mollets. Et quels mollets ! Ses jambes ressemblaient à deux colonnes doriques.

Ses traits avaient une expression banale et même des plus vulgaires, mais son derrière, d’une étendue démesurée, annonçait un être surhumain.

Elle s’avança vers moi, et me dit : « Sois le bienvenu aux bords de l’Elbe, après treize ans d’absence. Je le vois, tu es toujours le même « Tu cherches peut-être ces âmes aimantes que tu as rencontrées si souvent dans ces aimables parages? « La vie les a dévorées, la vie, ce tourbillon vorace,