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promptes ! je sais que tu es plus sage que moi ; j’ai si peu de patience ! Sors bientôt, mon empereur, de ta montagne — reviens ! Reviens !

« Si la guillotine ne te plaît pas, tiens-t’en aux anciennes méthodes : l’épée pour les nobles, la corde pour les bourgeois et les vilains.

« Seulement change de temps en temps, fais pendre les nobles et décapiter un peu les bourgeois et les paysans ; car nous sommes tous des créatures du bon Dieu.

« Rétablis le Code pénal, la procédure impitoyable de Charles-Quint, et divise le peuple en états, en communautés et en corporations. « Rétablis-nous le vieux saint empire romain, rends-nous toutes ces guenilles resplendissantes avec toutes leurs gentillesses vermoulues.

« Le moyen âge, le vrai moyen âge tel qu’il a été, je veux bien l’accepter ; mais délivre-nous de ce régime bâtard.

« De cette chevalerie en uniforme prussien, hideux mélange de superstition gothique et de moderne mensonge, qui n’est ni chair ni poisson.

« Chasse-moi cet attirail de comédiens, chasse-les de ces tréteaux où Ton parodie le passé. Viens, viens, empereur Barberousse ! »


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