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bien souvent ma nourrice : « Soleil, flamme accusatrice ! » C’est comme si j’avais entendu les sons du cor dans les bois.

Dans la chanson il y a un meurtrier qui vit dans la joie et les plaisirs. À la fin on le trouva dans la forêt pendu aux branches d’un saule au pâle feuillage.

La condamnation à mort du meurtrier était clouée au tronc de l’arbre. C’était l’œuvre des vengeurs de la sainte Vehme. — Soleil, flamme accusatrice !

Le soleil l’avait dénoncé ; il avait tant fait que le meurtrier avait été découvert et condamné. Otilie mourante s’était écriée : « Soleil, flamme accusatrice ! »

Et quand je me rappelle la chanson, je me rappelle aussi ma nourrice, la bonne vieille ; je revois son visage bruni, avec tous ses plis et toutes ses rides.

Elle était née dans le pays de Munster et savait une quantité d’effroyables histoires de revenants, et des contes et des ballades populaires.

Que mon cœur battait quand la vieille femme me disait la fille du roi qui s’asseyait toute seulette sur la bruyère et peignait ses cheveux dorés !

Il lui fallait garder les oies comme une villageoise, et le soir, quand elle les ramenait des champs, elle restait toute triste, immobile, à la porte de la ville.

Car elle voyait une tête de cheval clouée au-dessus de