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Rhenus. Il ne pouvait en prendre son parti. Je lui dis mainte parole consolante pour lui rendre le calme.

Va, ne crains pas, mon bon vieux, le sarcasme moqueur des Français ; ce ne sont plus les Français rieurs d’autrefois : ils portent aussi d’autres pantalons.

Les pantalons ne sont plus blancs, ils sont rouges. Les Français d’aujourd’hui sont aussi boutonnés avec d’autres boutons ; ils ne chantent plus ; ils ne dansent plus : ils penchent mélancoliquement la tête.

Ils philosophent maintenant et parlent de Kant, de Fichte et de Hégel. Ils fument et boivent de la bière, et plus d’un joue aux quilles.

Ils se font épiciers, épiciers tout comme nous, je crois même qu’ils nous ont dépassés dans la bonneterie. Ils ne sont plus Voltairiens, ils deviennent Hengstenbergiens.

Alfred de Musset, il est vrai, est encore un méchant garnement. Mais n’aie pas peur ; nous clouerons sa langue moqueuse.

Et s’il te tambourine une mauvaise charge, nous lui en sifflerons une plus méchante encore.


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