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GERMANIA
CONTE D'HIVER


— Écrit en 1844. —




Le poème suivant a été écrit au mois de janvier de cette année, à Paris, et l’air de liberté qu’on respire ici, a pénétré certaines strophes plus profondément que je ne l’eusse désiré. Je ne manquai pas d’adoucir et de retrancher sur-le-champ même tout ce qui me parut incompatible avec le climat de l’Allemagne. Néanmoins lorsque au mois de mars j’en adressai le manuscrit à mon éditeur à Hambourg, j’eus encore à compter avec des scrupules de diverses sortes. Je dus donc me résoudre de nouveau à cette terrible besogne de remaniement, et de là vient peut-être que les passages sérieux ont été étouffés plus que de raison ou bien trop joyeusement couverts par les mille clochettes de l’humour. Dans mon impatience j’ai redéchiré ces feuilles de vignes qui cachaient la nudité de quelques pensées un peu trop décolletées, et sans doute j’ai blessé les oreilles prudes et précieuses. J’en suis fâché ; mais je m’en console en pensant que de plus grands auteurs ont commis le même péché. Pour le pallier je ne citerai pas Aristophane ; car c’était un