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À FRANZ DE Z.

Une étoile brillante m’attire vers le Nord ; mon frère, adieu ! pense à moi quand je serai loin ! Reste fidèle, oui, fidèle à la Poésie, n’abandonne jamais la tendre fiancée ! Conserve en ton cœur, ainsi qu’un trésor, la chère et belle parole allemande ! — Et si tu viens jamais sur les plages du Nord, prête avec soin l’oreille jusqu’à ce qu’un chant s’élève et domine les mots apaisés. Alors il pourra se faire que le lied du poète bien connu s’avance au devant de toi. Alors prends également ton luth et donne-moi mainte aimable nouvelle.

Dis-moi ce qui t’advient, mon fidèle poète, et comment vont tous ceux que j’aime, et ce qu’est devenue la belle demoiselle qui réjouit et enflamme tant de jeunes cœurs, la rose qui fleurit auprès du Rhin en fleur ! Et donne-moi encore des nouvelles de la patrie : dis-moi si elle est encore la terre de l’amour fidèle, si le Dieu de nos père est encore en Allemagne, si personne n’est plus au service du mal. Et le poète au pays du Nord se réjouira quand ton lied suave lui apportera par dessus les flots de joyeuses nouvelles.


LE MONUMENT DE GŒTHE
À FRANCFORT

Entendez-vous, gens d’Allemagne, hommes, jeunes filles et femmes ? Ne vous lassez pas de rassembler des souscripteurs ! Les habitants de Francfort ont résolu d’ériger un monument en l’honneur de Gœthe.

Ils se sont dit : « En temps de foire, les marchands étrangers verront que nous sommes les compatriotes du grand homme, que cette fleur est sortie de notre terroir, — et ils nous feront aveuglément crédit. »

Ô messieurs du négoce, laissez ses lauriers au poète et gardez votre argent ! Gœthe s’est à lui-même élevé un monument.

Il a eu son berceau chez vous ; mais aujourd’hui, un monde