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« Cède à mon brûlant amour ! » Et soudain mon sang se glace, la terre tremble et, dans un mugissement, s’entr’ouvre comme un abîme.

Et de cet abîme noir s’élève le noir essaim ; ma jolie bien-aimée pâlit, elle disparaît d’entre mes bras ; me voilà seul.

Le noir essaim des kobolds forme autour de moi une ronde étrange, il m’enserre, me saisit et, moqueur, il éclate bruyamment de rire.

Et de plus en plus leur cercle m’enserre et l’horrible menace ne cesse de retentir : « Tu as renoncé à ta part de ciel, tu es à nous pour l’éternité ! »


7

Qu’attends-tu, maintenant que tu as l’argent ? Lunatique compagnon, pourquoi hésiter encore ? Assis dans ma chère petite chambre, j’attends avec impatience, et voilà minuit qui vient, — il ne manque que la mariée.

Des souffles frémissants viennent du cimetière : — Ô souffles, avez-vous vu ma petite femme ? De blancs fantômes se montrent à ma vue, qui me font des révérences et me saluent en ricanant : « Bien sûr que oui ! »

Halte-là ! Quelle nouvelle apportes-tu, noir faquin en livrée de feu ? Voici l’aimable compagnie : elle arrive sur un char traîné par des dragons.

Brave petit homme gris, que réclames-tu ? Feu mon professeur, qu’est-ce qui t’amène ? Il jette sur moi un regard muet et triste, hoche la tête, se retire.

Pourquoi mon compagnon à longs poils miaule-t-il en agitant la queue ? Pourquoi l’œil du chat noir étincelle-t-il si fort ? Pourquoi les femmes gémissent-elles les cheveux en désordre ? Pourquoi ma nourrice fredonne-t-elle l’air dont elle m’endormait enfant ?

Reste au logis, nourrice, avec ta chanson ; le temps de