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Par des dons aux églises, par des messes, on peut acquérir une puissante intercession.

Et à la fin des jours, le Christ descendra et brisera les portes de l’enfer, et bien qu’il rende un jugement sévère, plus d’un gaillard en réchappera.

Mais il y a des enfers d’où la délivrance est impossible ; là nulle prière ne vient en aide, là est impuissante la miséricorde du Sauveur du monde.

Ne connais-tu pas l’enfer du Dante, ces terribles terzines ? Celui que le poète y a emprisonné, celui-là, nul Dieu ne peut le sauver.

Nul Dieu, nul rédempteur ne le délivrera de ces flammes rimées ! Prends garde, roi de Prusse, que nous ne te condamnions à un pareil enfer !




STROPHES SUPPLÉMENTAIRES





L’ALLEMAGNE EN OCTOBRE 1849

 La grande tempête s’est calmée, et tout rentre dans la quiétude primitive du pays ; Germania, la grande enfant, se réjouit de nouveau de ses arbres de Noël.

Nous nous remettons à faire de la vie de famille, — ce qui dépasse cette félicité domestique, est un mal. L’hirondelle de la paix revient et se niche, comme auparavant, sous le toit de la maison.

La forêt et le fleuve reposent dans une tranquillité sentimentale, éclairés par la douce lumière de la lune ; de temps à autre seulement un coup part. — Est-ce un coup de feu ? C’est peut-être un de nos amis qu’on vient de fusiller.