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qui devint en 1836 l’École romantique ; État des choses en France, recueil des articles de Heine dans l’Allgemeine Zeitung (1833) ; le Salon, quatre volumes d’essais, de fantaisies et de nouvelles dont la plupart se retrouvent dans De l’Allemagne.

L’attitude politique de Heine ne pouvait manquer d’attirer sur son front les foudres des gouvernements allemands. Le 10 décembre 1835, un décret de la Diète fédérale prohibait ses écrits, avec ceux de la Jeune Allemagne sur tout le territoire de la Confédération germanique. Cette mesure brutale, qui ne fut rapportée qu’au bout de sept ans, compromettait gravement les intérêts de Heine qui se trouva réduit à la pension de 4 800 frs. que lui servait son oncle. Il vivait depuis 1834 avec une jeune fille d’une grande beauté qu’il avait connue dans un magasin où elle était employée et à laquelle il devait s’unir légalement en 1841 : Mathilde Mirat. Fut-ce par amour pour elle que Heine se résolut à accomplir ce que le Meyer’s Konversation Lexicon appelle « la démarche la plus grave de sa vie », et à solliciter du gouvernement de Louis-Philippe la « grande aumône que le peuple français distribuait aux étrangers que leur zèle pour la Révolution avait compromis dans leur patrie » ? — On ne sait : mais Heine toucha régulièrement une pension de 4 000 frs. du ministère depuis 1836 ou 1837 jusqu’à la chute de la monarchie en 1848. Il ne semble pas toutefois que cette « aumône » ait d’une manière quelconque enchaîné la plume de l’écrivain.

On remarquera que dans cette période, Heine ne produit que des œuvres en prose. Ajoutons à la liste donnée tout à l’heure : Les Filles et les Femmes de Shakespeare (1839), et le pamphlet contre le Lamennais allemand, Ludwig Bœrne, qui acheva de le brouiller avec les cercles radicaux allemands.

Heine, en effet, qui avait frôlé de très près le Saint-