Page:Heine - Œuvres de Henri Heine, 1910.djvu/151

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Dans mes bras blancs comme la neige, sur mon sein blanc comme la neige, tu reposeras et tu rêveras le bonheur des vieux contes.

Je veux t’embrasser et te serrer comme j’ai serré et embrassé le cher empereur Henri, qui est mort maintenant.

Les morts sont morts, et il n’est que les vivants qui vivent, et je suis belle et florissante ; mon cœur rit et palpite.

Mon cœur rit et palpite… Viens chez moi, dans mon palais de cristal. Mes damoiselles et mes chevaliers y dansent ; la troupe des écuyers se livre à la joie.

Les longues robes de soie bruissent, les éperons d’or résonnent, les nains font retentir les timbales, jouent du violon et sonnent du cor.

Mais toi, mon bras t’enlacera comme il enlaça l’empereur Henri : de mes mains blanches je lui bouchai les oreilles, quand dehors la trompette sonna.