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« Qu’elles sont fastidieuses, ces danses et ces douces flatteries ! et qu’ils sont ennuyeux aussi, ces chevaliers qui me comparent galamment au soleil !

« Tout me fatigue depuis que j’ai vu, aux rayons des étoiles, ce chevalier inconnu dont la guitare m’attire chaque nuit à la fenêtre.

« Avec sa taille svelte et altière, et ses yeux noirs, qui luisent dans son noble et pâle visage, il ressemble véritablement à saint Georges. »

Ainsi pensait dona Clara, et elle marchait les yeux baissés. Lorsqu’elle releva les yeux, le beau chevalier inconnu se dressa devant elle.

La main dans la main, devisant de propos d’amour, ils se promenèrent au clair de lune ; le zéphyr les caressait amoureusement et les roses leur envoyaient de gracieux saluts.

Les roses leur envoyaient de gracieux saluts et se coloraient d’une pourpre voluptueuse. — « Mais dis-moi, ô ma bien-aimée, pourquoi as-tu si soudainement rougi ? »

— « Les cousins me piquaient, ô mon bien-aimé, et les cousins me sont, en été, aussi odieux que si c’étaient des essaims de Juifs aux longs nez. »

— « Laisse là les cousins et les Juifs », répondit le chevalier d’une voix caressante. — Les amandiers en fleurs sèment à terre leurs blancs flocons.

— Les blancs flocons des amandiers répandent leurs parfums. « Mais dis-moi, (ô ma bien-aimée, ton cœur m’appartient-il tout entier ? »

— « Oui, je t’aime, ô mon bien-aimé ! je te le jure par le Sauveur que les Juifs mécréants ont traîtreusement crucifié. »

— « Laisse là le Sauveur et les Juifs », reprit le chevalier d’une voix caressante. — Au loin se balancent les lis rêveurs, baignés de lumière.

Les lis rêveurs, baignés de Iumière, tournent leurs regards