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l’extérieur, et en allant du centre à la surface que cette condensation devrait avoir lieu. Car, si un corps central n’est tel que parce qu’il l’emporte par sa masse sur les corps dont il est le centre, on devrait, en suivant ce raisonnement, considérer dans le corps central lui-même, son centre et les parties les plus proches de son centre comme les plus denses. Ce qui serait confirmé aussi par la considération de la pression des couches extérieures sur les couches intérieures. On dira probablement qu’aux yeux de Newton ces pensées n’étaient que des conjectures auxquelles il n’attachait pas une valeur strictement scientifique, et que, pour lui, sa véritable doctrine se trouve, non dans ce que peut être la nature de la gravité, mais dans la loi suivant laquelle la gravité agit et produit ses effets. À cela nous répondrons d’abord, que ces conjectures montrent que Newton sentait lui-même l’insuffisance et les lacunes de sa théorie, et qu’il s’efforçait de les faire disparaître ; et ensuite, qu’il ne s’agit pas ici de savoir ce que pensait réellement Newton, mais ce qu’on doit penser de sa théorie ; et les considérations qui précèdent montrent déjà que non-seulement dans ses conjectures, mais dans sa théorie elle-même, il y a plusieurs côtés vulnérables ; et cela surtout par la raison que nous avons signalée plus haut, savoir, que Newton ne procède pas systématiquement dans ses recherches. Et, en effet, le procédé de Newton n’est, au fond, que ce procédé arbitraire et irrationnel qui consiste à prendre un être, tel que le donne l’expérience, ou une vue confuse et indéfinie, et puis à le partager en deux, et dire : telle partie peut être connue, et telle autre ne peut point l’être, mais la connaissance de la première peut