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n’est pas essentiel à un être, il faut connaître et la nature de cet être, et la nature de la propriété qu’on dit lui être, ou ne lui être pas essentielle. Ainsi, lorsque je dis que le bien, le vrai, l’ubiquité, la providence sont ou ne sont pas essentiels à la divinité, ou que la volonté, la sensibilité, la personnalité, etc., sont ou ne sont pas essentielles à l’âme, il faut que je connaisse et la nature de ces choses, et la nature de la divinité, et celle de l’âme. Or, Newton ne connaît pas, de son propre aveu, la nature de la gravité, et l’on doit supposer à fortiori qu’il ne connaissait pas la nature de la matière. Comment peut-il donc affirmer que la gravité n’est pas essentielle aux corps ? Et puis, qu’est-il en ce cas, ce même éther qui pénètre partout, et qui, notez-le bien, est le principe qui fait que non-seulement le soleil et les planètes attirent, mais que chaque molécule attire, et qui est comme le centre du soleil et des planètes et de chaque molécule ? Qu’est-il, et d’où vient-il, s’il n’est pas essentiel aux corps ? Et comment se fait-il que, n’étant pas essentiel à la matière, il est cependant le centre et le moteur de la matière et de chaque partie de la matière ? Mais, ce qu’il y a de plus singulier peut-être dans cette conception newtonienne, c’est que Newton se soit représenté cet éther comme plus subtil à l’intérieur, et plus dense à l’extérieur des corps. Car, d’abord, on ne voit pas pourquoi cet éther, en tant qu’éther qui pénètre partout, serait marqué de cette différence. En tout cas, cette condensation et cette raréfaction il faudrait les expliquer et en donner la raison. Il y a plus, c’est que, s’il y a condensation, suivant la loi de Newton lui-même, ce serait plutôt dans l’intérieur, et en allant de la surface au centre, qu’à