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conque. Ce qu’il sait et ce qu’il affirme, malgré cette ignorance, c’est que cette force existe, et qu’en vertu de cette force les corps s’attirent les uns les autres, suivant la loi qu’il a formulée[1]. Voilà ce que dit d’abord Newton, et ce que la physique moderne a adopté comme un credo auquel il serait téméraire et sacrilège de toucher[2]. Je dis d’abord, car, bien qu’il ne veuille pas faire des hypothèses, et qu’il condamne l’ancienne physique, qui croyait

  1. < Oritur utique hæc vis (gravitas) a causa aliqua quæ penetrat » adusque centra solis et planetarium, sine virtutis diminutione, quæque » agit non pro quantitate superficierum particularum in quas agit (ut » solent causæ mechanicæ), sed pro quantitate matériæ solidæ. Rationem » harum gravitatis proprietatum ex phænomenis nondum potui » deducere, et hypotheses non lingo. Satis est quod revera gravitas » existat et agat secundum leges a nobis expositas. > (Princ. phil. nat., p. 676.) « To derive two or three general principles of motion from » phænomena, and afterwards to tell us how the properties and actions » of all corporeal things follow from these principles would be a very » great step in philosophy, though the causes of those principles were » not ye discovered. And therefore I scruple not to propose the » principles of motion, and leave their causes to be found. » (Opticks, p. 377.) « What I call attraction may be performed by impulse, or » by some other means unknown to me. I use that word here to » signify only in general any force, by which bodies tend towards » one another, whatsoever be the cause. » (Ib. Prop., 31, p. 351.)
  2. Laplace, Herschel, tous les physiciens, en un mot, ont admis littéralement, et nous dirions presque mécaniquement, cette doctrine newtonienne. Ils se sont même montrés plus intolérants et plus absolus que Newton sur ce point. Car Newton dit au moins qu’il laisse à d’autres le soin de rechercher la cause de la gravité. Bien plus, il essaye lui-même, comme on le voit, de la déterminer ; tandis que Laplace nous dit expressément (Exposition du système du monde, liv. I, chap. 2) que la gravité nous sera éternellement inconnue, et qu’il y a des physiciens qui vont jusqu’à dire que la physique n’a que faire de la connaissance des causes.