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la nature elle-même, échappe au physicien, c’est que celui-ci ne procède, ni ne peut procéder systématiquement dans ses investigations, de sorte que, au lieu de déduire rationnellement les êtres et les déterminations de la nature, il les prend tels que les lui offrent l’expérience, l’observation, et même le hasard, et il leur applique ensuite des déterminations moitié empiriques, moitié rationnelles, dont il n’a qu’une notion vague et imparfaite. Cela fait qu’il ne voit qu’une partie de l’objet, et que l’autre partie lui échappe, ce qui veut dire qu’il n’a pas de l’objet une véritable connaissance. Il observe, par exemple, deux planètes, et, dans ces planètes, certains rapports de grandeur, de mouvement, de force, d’action et de réaction, etc., et, en appliquant ces catégories, ou ces lois, comme il les appelle, à ses observations, il fonde ses théories. Or, non-seulement il n’a de ces catégories qu’une notion imparfaite, mais il emploie à son insu, où il laisse en dehors d’autres catégories, qui sont tout aussi nécessaires pour la production et l’explication des phénomènes qu’il observe, que celles dont il se sert.

Ainsi, et pour raisonner sur cet exemple, prenons deux planètes, et supposons que ces deux planètes soient en rapport. Le physicien, observant que l’une agit sur l’autre, en conclut que cette action réciproque est la manifestation et l’effet d’une force, dont, suivant lui, on ignore la nature, et qu’on ne connaît que par et dans ses effets. Ensuite, partant de ce principe, que la matière est composée de molécules, et que chaque molécule est douée d’une certaine force, il en conclut aussi que, plus grand est le nombre des molécules, et plus grande est son action ; de