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et de la nature. Seulement, le mathématicien ne saisit ce rapport que d’une manière partielle et limitée, ou bien d’une manière extérieure et empirique. Il ne le saisit que d’une manière limitée, parce que, renfermé comme il est dans les limites de la quantité, il ne discerne pas les autres éléments logiques de la nature. Il ne le saisit que d’une manière empirique, parce que, au lieu de considérer la quantité comme un élément intégrant et constitutif de la nature, il l’applique à la nature, c’est-à-dire il l’y ajoute, comme si elle était une détermination extérieure à la nature, et plutôt une forme ou un instrument subjectif de la connaissance qu’une détermination objective et essentielle de la nature elle-même. C’est ainsi qu’il prend le phénomène, la masse, la pesanteur, qu’il considère comme des êtres indépendants et achevés, et qu’il y introduit ensuite l’élément mathématique, on ne sait trop si c’est simplement pour les expliquer, ou si c’est parce qu’il reconnaît que cet élément est, lui aussi, un principe intrinsèque de leur existence. Newton dit qu’il considère les forces attractives et révulsives non physiquement, mais mathématiquement[1] (1). Mais, sans examiner ici l’exactitude de cette distinction, nous ferons observer que Newton aurait dû, en la donnant, définir le sens de ces termes, et dire quelle est la constitution physique, et quelle la constitution mathématique de la force, et plus encore, quel est le rapport de ces deux manières d’être d’une seule et même force, car c’est là le point essentiel et décisif de la ques-

  1. « Has vires non physice, sed mathematice tantum considero. » (Phil. nat. princ. math., def. VIII.) Voy. plus bas, chap. VI et X.