Page:Hegel - Philosophie de la nature, trad. Vera, tome 1, 1863.djvu/62

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tel que parce qu’il est déterminé par la forme. Et lors même qu’on se représenterait le contenu, — la substance, la matière, l’âme, — comme complétement indéterminé, cette indétermination absolue serait sa manière d’être, c’est-à-dire sa forme. Et puis, il faut bien que les formes qui, dans l’hypothèse de la séparation de la forme et du contenu, viendraient s’ajouter au contenu, aient un rapport, et un rapport essentiel avec ce dernier, autrement elles ne pourraient s’unir à lui[1]. Ainsi, par exemple, il n’y a pas de pesanteur en soi hors de la matière, mais il y a une matière pesante. Et si l’on identifie la matière et l’étendue (ainsi que l’ont fait à tort quelques philosophes, les cartésiens entre autres), en confondant deux déterminations distinctes de la nature, les formes de l’étendue seront les formes de la matière. Sans doute, on peut se représenter la pesanteur et la matière, ou l’étendue et ses déterminations, ou la substance et les accidents, ou la cause et l’effet, etc., comme séparés ; on peut se les représenter ainsi, comme on se représente un pendule qui oscille éternellement autour de la verticale, en y supprimant le frottement, et en substituant au pendule physique un pendule que les physiciens appellent idéal, mais qu’on devrait plutôt appeler imaginaire, ou bien, comme on se représente un corps, qui, s’échappant par la tangente, se meut indéfiniment suivant la droite, ou, comme dans une autre sphère, on peut se représenter les gouvernés sans les gouvernants, etc. Avec ces abstractions de l’entendement on peut tout se représenter, car on rend tout possible, mais on ne

  1. Voy. Logique, vol. II, § 125 et suivants.