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peut même dire que, dans un certain sens, la raison et l'unité se confondent, en ce que l’unité de l'univers n’est ni ne peut être que ce principe, cette force rationnelle qui, pénétrant dans chacune de ses parties, les façonne, les dispose et les enchaîne les unes aux autres. Par conséquent, l’unité de la nature est un principe qui découle nécessairement de ce que la raison est dans la nature ; et, par suite, la connaissance rationnelle de la nature n’est que la connaissance de cette unité ; elle n’en est, pour ainsi dire, que l’expression. C’est cette unité, qui est le point de départ et le mobile de toute recherche vraiment scientifique. C’est elle qui, fermentant et résonnant, si l’on peut ainsi s’exprimer, dans la pensée de Kepler, comme une harmonie, amena l’immortelle découverte des lois qui règlent les mouvements des corps célestes[1]. L’attraction n’est qu’une face de cette unité, et les perturbations planétaires qui en découlent font ressortir cette unité d’une manière plus visible encore. Car elles ne sont pas, au fond, des perturbations, mais seulement des conséquences de cette unité qui lie toutes les parties du système, et qui fait que chacune d’elles est elle-même et autre qu’elle-même, et qu’elle n’est elle-même qu’en étant autre qu’elle-même, et en faisant effort pour devenir le tout, et réaliser ainsi, à elle seule, cette unité par laquelle elle est pénétrée. Du reste, l’unité de la nature est autant démontrée par l’observation la plus superficielle que par la science. La pierre qui tombe, comme l’oiseau qui salue de son doux ramage l’approche du matin, comme la pensée qui con-

  1. Voy. plus bas, chap.VII