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Enfin la doctrine populaire, suivant laquelle on se représente Dieu comme créateur du monde et de la nature et comme esprit, contient au fond ce rapport. Car, à moins de briser tout rapport entre Dieu et la nature, ce qui serait absurde, cette doctrine veut dire qu’il y a, d’une part, une nature sensible, distincte et séparée de Dieu, et, d’autre part, une nature idéale, une essence ou une pensée de la nature qui est en Dieu, laquelle pensée, par là qu’elle est en Dieu, est la nature par excellence, cette nature même qui fait l’objet de la science.


CHAPITRE IV.

DIVERSES MANIÈRES DE SE REPRÉSENTER SCIENTIFIQUEMENT
LA NATURE.

Nous disons donc que la connaissance spéculative de la nature est la vraie et la plus haute connaissance de la nature. Et, en effet, s’il y a une essence de la nature, et il faut bien admettre qu’il y en a une, et si l’essence est l’objet propre et final de la science, la connaissance spéculative, qui seule peut saisir l’essence, constitue aussi la plus haute connaissance de la nature. Mais, de ce qu’elle est la plus haute, et, à un point de vue absolu, la seule vraie connaissance, car à ce point de vue il ne peut pas y avoir deux modes de connaître, il ne s’ensuit pas qu’elle exclue les autres formes de la connaissance, la connaissance expérimentale, et la connaissance mathématique de la nature. Tout au contraire, elle les présuppose, et elle les comprend. Elle les présuppose comme la fleur et le fruit