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Il y en a qui trouveront cette manière d’envisager les rapports de la pensée et de la nature étrange et artificielle, et qui n’y verront peut-être que des distinctions et des subtilités scolastiques. C’est là une des expressions à la mode dans certaines régions. Mais nous répondrons d’abord que, loin d’être un artifice dialectique, ce rapport est bien plutôt un fait que chacun peut aisément constater. Car c’est une seule et même pensée qui pense le triangle sensible et le triangle idéal, comme c’est une seule et même pensée qui pense le corps et l’idée du corps, etc. Seulement la pensée qui pense le triangle idéal, par cela même qu’elle est la pensée spéculative, peut penser le triangle sensible, tandis que la pensée irréfléchie qui ne pense que le triangle sensible ne saurait penser le triangle idéal, et ainsi des autres exemples. Ensuite, lorsque le physicien en présence de la nature, ne voulant pas s’en tenir à la nature sensible, en recherche ce qu’il appelle les lois, il admet, qu’il le sache ou qu’il l’ignore, deux natures : la nature sensible et la nature idéale. Il admet, par exemple, le mouvement sensible des planètes, et la loi fixe, invariable et purement intelligible qui préside à ce mouvement, et dont ce mouvement n’est que la manifestation et la réalisation dans le temps. Et en admettant cela il admet aussi que sa pensée pense le mouvement sensible et le mouvement idéal des planètes, et que c’est la pensée qui pense le mouvement idéal, la pensée spéculative, voulons-nous dire, qui comprend et lui fait comprendre le mouvement sensible, tandis que la pensée irréfléchie qui n’entend pas le mouvement idéal, n’entend pas par cela même le mouvement sensible.