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+ un autre membre, car en ce cas on aurait tout au plus une agglomération de soldats ou de membres ; mais il faut qu’aux nombres viennent s’ajouter la discipline, l’ordre, la proportion, l’enchaînement des parties, la forme enfin qui ramène tous ces éléments à l’unité ; ce qui montre aussi combien il est peu exact de considérer la réunion de deux éléments, lignes ou forces, comme une résultante. Car deux forces réunies ne sont plus simplement deux forces, mais elles sont 2 + 1 ; et ce troisième terme, qu’on se représente comme un effet et peut-être comme un élément accidentel, est, au contraire, ce qu’il y a de plus essentiel. C’est la force qui, en combinant les deux autres, les harmonise et les élève à une plus haute puissance. C’est ainsi que là où ce troisième terme vient à se retirer, l’armée se dissout et l’être organique périt. On peut en dire autant de la courbe qui réunit les deux lignes, la verticale et la tangente, du système solaire, et en général de toute combinaison de forces et de toute existence concrète. La courbe n’est point la résultante, mais l’unité de la tangente et de la verticale, de même que le système planétaire est une unité de rapport, ce rapport qui renferme tous les éléments dont il se compose. Par exemple, l’unité de la terre et du soleil n’est ni la terre ni le soleil, mais leur rapport réciproque, ce moment ou cette forme, soit quantitative soit qualitative, qui les enchaîne l’un à l’autre. Si le langage ne trouve pas toujours des signes pour représenter les rapports, si, par exemple, il n’en trouve pas pour exprimer l’unité de la cause et de l’effet, de la substance et des accidents, du tout et des parties, c’est que le langage n’est qu’un instru-