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et comme telle, elle n’est plus un simple instrument fait seulement pour satisfaire à nos besoins, mais elle est la source des jouissances les plus nobles et les plus pures, ou bien elle a droit à nos hommages et à notre adoration.

Or, ces différents points de vue sous lesquels nous envisageons la nature sont tous vrais, mais ils ne sont qu’incomplétement vrais, et ils supposent, par cela même, un point de vue supérieur qui les embrasse tous, et qui les explique en les embrassant. Car il en est de la nature en général comme de l’une de ses parties, ou, pour mieux dire, d’un être quelconque. On peut considérer dans l’animal sa beauté, ou les rapports géométriques de ses membres, ou des propriétés chimiques, etc. ; mais tous ces éléments qui composent l’animal viennent se résumer et se concentrer en un élément, en une forme supérieure qui par là même les dépasse, c’est-à-dire la vie. Il en est de même de la nature. Les différents aspects, sous lesquels elle se présente, ne sont que des formes diverses ou des degrés divers de son existence, qui tous se rattachent et aspirent à une existence suprême où ils trouvent leur unité et leur plus haute perfection. Or, ce principe qui vivifie et explique la nature en s’élevant au-dessus d’elle est la pensée. Tant que la pensée n’est pas satisfaite, rien n’est satisfait, qu’il s’agisse de la nature ou de tout autre objet. Tant que la pensée ne se retrouve pas elle-même avec ses lois dans les choses, celles-ci ne peuvent être qu’imparfaitement entendues. On aura des pensées, ou des fragments, ou des ombres de la pensée, mais on n’aura pas la pensée dans la plénitude de son être et de son unité. Or, ce qui satisfait la pensée, c’est la science, laquelle