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Schelling et de Hégel ; et ce qui a surtout éveillé cette pensée, c’est que, dans le livre de Humboldt, ces deux philosophes brillent par leur absence. Humboldt ne les nomme jamais, ou, pour mieux dire, il les nomme une ou deux fois, mais en en citant des passages insignifiants et qui n ’ont pas même trait à la Philosophie de la nature. Or, peut-on supposer que Humboldt ignorât les travaux de ces deux philosophes sur cette partie de la science ? On nous dira peut-être que Humboldt n’avait pas de sympathie pour la physique spéculative. Soit ; mais alors pourquoi nous parle-t-il des pythagoriciens et du Timée de Platon, par exemple ? S’il y a physique spéculative, c’est bien celle-là. S’il a donc parlé des pythagoriciens, de Platon et d’autres physiciens spéculatifs, tandis qu’il a gardé le silence sur ses deux grands concitoyens, ne serait-ce pas plutôt par la raison qu’on est généreux envers les morts, et qu’on prend ses précautions avec les vivants ? Le lecteur jugera. Ensuite nous avouons que le titre même du livre n’est pas de notre goût, et que nous lui préférons le titre de Philosophie de la nature, comme plus simple et plus vrai. Ce qui nous fait objecter au mot cosmos, c’est d’abord qu’il est ambitieux, et puis qu’il n’est exact sous aucun rapport ; car si Humboldt, en empruntant ce mot aux pythagoriciens, a entendu l’employer dans le même sens où l’avaient employé ces philosophes, la chose ne répond nullement au mot. Et, en effet, par cosmos les pythagoriciens entendaient l’universalité des choses, c’est-à-dire non-seulement la physique, mais la métaphysique, la morale, la politique, etc. Or, ces sciences n’entrent pas dans le plan de Humboldt. Si, d’un autre côté, on doit entendre ce