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propre, immanente et nécessaire, suivant les déterminations intrinsèques de la notion.

Remarque.

On a déjà parlé dans l’Introduction[1] du rapport de la philosophie avec l’expérience. Non-seulement la philosophie doit se trouver d’accord avec la nature, telle qu’elle nous est donnée par l’expérience, mais le commencement et la formation de la connaissance philosophique supposent comme condition la physique. Cependant autre chose est la science considérée dans sa formation, et dans ce travail de préparation qui la précède, autre chose est la science elle-même. Ici on ne doit pas s’appuyer sur l’expérience, mais sur les principes absolus et nécessaires de la raison.

Nous avons déjà fait remarquer que dans le développement de la connaissance philosophique, l’objet doit être amené par la détermination de sa notion, et de plus, que c’est cette détermination elle-même qui doit donner un nom au phénomène qui lui correspond, et prouver la réalité de cette correspondance. Il n’y a là, relativement à la nécessité du contenu de la connaissance, aucun appel à faire à l’expérience. Encore moins faut-il avoir recours à ce qu’on appelle intuition, qui n’est ordinairement qu’un moyen, un procédé de la représentation sensible et de l’imagination, on pourrait même dire d’une imagination bizarre (phantasterei), s’arrêtant à des analogies accidentelles qui peuvent avoir une certaine valeur, mais qui ne sont que des déterminations et des formes extérieures des choses[2]

  1. À l’Encyclopédie. Voy. Logique, vol. I.
  2. Comme il y a une idée de la nature, il faut dans la connaissance de la nature suivre la méthode qui est adéquate à l’idée, c’est-à-dire la dialectique. Toutes les autres méthodes ne donnent qu’une connaissance extérieure ou accidentelle de la chose. Telle est, par exemple, l’intuition intellectuelle de Schelling, ou bien cette méthode qui classe d’après des analogies, ou enfin celle qui consiste à décomposer et décrire les parties d’un objet, et qui prétend saisir par là sa notion.