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nous croyons qu’il suffit de rapprocher, même superficiellement, les doctrines des deux philosophes pour voir combien en sont marquées aussi les différences, et combien ce qui, dans Schelling, est à l’état vague, embryonnaire et poétique, prend chez, Hégel la forme arrêtée, démonstrative et développée de la raison. Et cette différence devient plus manifeste encore, lorsqu’on considère sa Philosophie de la nature dans ses rapports avec les autres parties de son système. On pourra mieux voir alors combien elle se rattache intimement à la logique et à la philosophie de l’esprit, et comment elle sort et se développe d’une seule et même pensée. Et c’est là le trait caractéristique de la Philosophie de la nature de Hégel. Nous voulons dire que, par cela même qu’elle constitue la partie intégrante d’un système, elle est, elle aussi, essentiellement un système ; et de la même manière que sa philosophie est la première qui ait systématisé la connaissance, de la même manière et par cette même raison, sa Philosophie de la nature est la première qui nous offre un vrai système.

Pour retrouver une tentative, de systématisation de la science, il faut remonter jusqu’à Platon et Aristote. Mais c’est plutôt une tentative qu’une systématisation, dans le sens rigoureux du mot, que nous offrent les travaux de ces deux philosophes ; car, bien qu’ils aient étendu leurs recherches à toutes les branches du savoir, et qu’ils se soient efforcés de fonder l’unité de la connaissance dans l’unité de son principe et de sa méthode[1], ils ne par--

  1. C'est-à-dire l'idée et la dialectique, ce qui s'applique tout aussi bien à Aristote qu'à Platon, car c'est au fond l'idée et la dialectique qui constituent les principes fondamentaux de leurs doctrines.