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qu’elle est la philosophie. Par conséquent, elle doit étudier et contempler dans la nature ce qu’elle étudie et contemple ailleurs et en toutes choses ; je veux dire, l’essence, l’absolu et l’unité. Et ce n’est pas seulement l’unité de la nature considérée en elle-même qu’elle doit contempler, mais l’unité de la nature dans ses rapports avec les autres sphères de la connaissance et de l’être, ce dont se soucie fort peu la physique, et qui dépasse même les limites au-dedans desquelles elle est, par constitution, obligée de se renfermer. Car par cela même qu’il n’y a, et qu’il ne peut y avoir qu’une seule science universelle et absolu, la physique, qui est nécessairement une science particulière et relative, ne saurait ni penser ni entendre l’absolu et l’unité ; ce qui fait aussi, ou qu’elle n’éprouve qu’un médiocre intérêt pour toute recherche de ce genre, ou qu’elle regarde avec méfiance, ou qu’elle va même jusqu’à la déclarer oiseuse et impossible. – C’est là la ligne de démarcation qui sépare la philosophie de la nature et de la physique, ligne qui, comme on peut le voir, n’est point un fait subjectif, artificiel et passager, mais fondé sur la nature même de ces deux sciences, et qui maintiendra toujours ces deux sciences sur deux terrains distincts, et jusqu’à un certain point opposés. Par conséquent, lorsque j’exprimais le désir de voir s’opérer un rapprochement entre la philosophie et la physique, je n’entendais parler que d’un rapprochement dans les limites du possible et de la raison ; d’un rapprochement tel qu’il existe entre des voisins qui vivent en très bons termes,