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deux côtés ; il se peut que l’astronome se soit trop habitué à ne croire à d’autre variété que celle qui se montre au bout de sa lunette, et le chimiste à n’admettre d’autre analyse ni d’autre synthèse que celles qu’il voit s’opérer au fond de sa cornue, comme il se peut aussi que le philosophe, trop occupé à regarder au dedans de lui-même, oublie ce qui est au dehors. Mais quelles que soient les causes qui ont pu amener ce divorce, toujours est-il qu’il existe, et qu’il est bon qu’autant que faire se peut, il cesse, s’il est vrai que toute séparation violente entre les choses qui sont faites pour être unies, doive cesser. Car il s’agit de savoir si la science, et l’univers dont la science est l’organe le plus direct et le plus haut représentant, ne sont qu’un mauvais drame où les événements et les personnages n’ont pas de lien commun, et se rencontrent comme par accident, ou bien, s’ils sont l’œuvre d’un seul et même ouvrier, d’une seule et même pensée.

Toutefois, en exprimant le désir qu’il ait rapprochement entre la philosophie et la physique, je n’entends pas qu’il y ait identification, et que l’une s’absorbe, pour ainsi dire, dans l’autre. Une telle identification n’est, à mon gré, ni désirable, ni possible. Car, si la physique se rattache par ses principes les plus élevés à la philosophie, et qu’à ce titre elle lui est subordonnée, il est cependant utile qu’elle ait une vie propre, et qu’elle se développe sur un terrain distinct ; qu’elle observe, veux-je dire, qu’elle expérimente, et qu’elle rassemble des faits, et qu’elle classe ces faits à sa façon. Il en est de la science comme d’un édifice. C’est