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sa massue et en criant après les grues qui, cancanant et caquetant, décampaient au plus vite. Alors les braves Pygmées rentraient en triomphe dans leurs foyers, attribuant la victoire à leur bouillant courage, aux mouvements stratégiques et aux talents militaires de leur général. En outre, on n’en finissait plus avec les longs et solennels défilés de troupes, les banquets publics, les illuminations splendides, les expositions de figures de cire représentant les officiers qui s’étaient distingués, tous exécutés petits comme nature.

Si par hasard, dans une affaire de cette importance, un Pygmée était parvenu à arracher une plume de la queue d’une grue, il en surmontait orgueilleusement son casque. Une ou deux fois, si vous voulez ajouter foi à mon assertion, un des chefs fut élevé par ses concitoyens au suprême gouvernement de la nation, sans autre mérite que de rapporter un pareil trophée.

Mais je vous en ai dit assez pour vous montrer quel vaillant petit peuple étaient les Pygmées, et quelle harmonie ne cessa de régner, de temps immémorial, entre leurs ancêtres et le géant Antée. Je vous ferai, dans le courant de cette histoire, le récit d’une bataille beaucoup plus extraordinaire, livrée entre eux et les grues.

Un jour le puissant Antée s’étendait de toute sa longueur au milieu de ses amis. Son sapin était