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Le pays au milieu duquel ils habitaient se composait de champs dont le plus étendu offrait une dimension à peu près égale au parterre de Joli-Bois. C’est dans ces plaines que les Pygmées semaient du blé et d’autres graines, qui, une fois arrivés à leur croissance et à leur maturité, suffisaient pour protéger de leur végétation bienfaisante cette population de nains, comme les sapins, les chênes, les châtaigniers, les marronniers nous ombragent nous-mêmes, quand nous parcourons la campagne. Au temps de la moisson, ils étaient obligés de se servir de haches, exactement comme le font les bûcherons pour éclaircir les forêts ; et, quand une tige de froment chargée d’un pesant épi s’abattait sur un malheureux Pygmée, il se trouvait dans une triste situation. Si cette tige ne l’écrasait pas sous son poids, il n’en était pas quitte à moins d’un violent mal de tête.

Je vous ai parlé de la petitesse des pères et des mères ; mais vous figurez-vous celle des enfants et des nouveau-nés ? Une famille aurait pu tenir dans un soulier, ou se loger dans un vieux gant, et jouer à cache-cache entre les doigts. Vous auriez facilement couvert avec un dé à coudre un nourrisson de douze mois.

Or, ces drôles de petites créatures, comme je vous le disais tout à l’heure, avaient pour-voisin et pour frère un géant dont la stature énorme surprenait