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Vous pourrez aisément vous imaginer la gaieté qui présida au retour des quatorze jeunes gens. C’étaient des danses continuelles, excepté quand le vent, soufflant obliquement, donnait au pont une inclinaison par trop prononcée. Enfin ils arrivèrent heureusement en vue des côtes de l’Attique, leur pays natal. Mais, je suis fâché de vous le dire, un événement inattendu est sur le point d’assombrir la joie générale.

Vous vous souvenez que le roi Égée avait expressément recommandé à son fils de hisser des voiles blanches au lieu des voiles noires avec lesquelles il partait, dans le cas où il aurait triomphé en combattant le Minotaure. Malheureusement Thésée oublia complètement cette recommandation. Ivres de joie, et se livrant aux danses, aux jeux et à toute espèce de réjouissances, les voyageurs ne songèrent plus aux voiles, dont ils abandonnèrent le soin aux matelots. Ils s’inquiétaient bien qu’elles fussent noires, blanches ou couleur d’arc en ciel !… Si bien que le vaisseau revenait, comme un corbeau, déployant au vent ses ailes à la teinte funèbre…

Cependant, chaque jour revoyait le pauvre roi Égée, tout infirme qu’il était, se traîner au sommet d’un rocher qui dominait l’horizon, et de là épier le retour de son fils. Il n’eut pas plus tôt distingué les voiles noires, qu’il crut son enfant bien-aimé, l’hé-