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« Thésée, vous pouvez maintenant rejoindre votre vaisseau et reprendre le chemin d’Athènes.

— Je n’en ferai rien, assurément. Je ne veux m’éloigner de la Crète qu’après avoir abattu le Minotaure, sauvé mes compagnons d’infortune et délivré mon pays de cet horrible tribut.

— Je prévoyais votre résolution, dit Ariane : venez alors, venez avec moi, valeureux Thésée. Voici votre glaive dont vous ont dépouillé les gardes. Vous en aurez besoin ; priez les dieux de diriger vos coups. »

Elle le mena par la main jusqu’à un bois ténébreux, où les rayons de la lune se perdaient sur le sommet des arbres sans pénétrer à travers leur feuillage et sans éclairer les sentiers de la moindre lueur. Après avoir marché quelque temps au milieu de cette obscurité, ils se trouvèrent au pied d’un grand mur de marbre tout hérissé de plantes grimpantes. On n’y apercevait aucune porte ni aucune espèce d’ouverture ; c’était une construction escarpée, solide et mystérieuse. Impossible de la franchir ou de pénétrer au travers. Néanmoins, Ariane n’eut qu’à presser d’un de ses doigts délicats un certain bloc de marbre, aussi massif en apparence que le reste de la muraille. À son contact, cette enceinte s’entr’ouvrit assez pour les laisser passer tous les deux, et aussitôt le bloc retomba à sa place, en remplissant entièrement le vide.

« Nous voici maintenant, dit Ariane, dans le fa-