Page:Hawthorne - Le Livre des merveilles, seconde partie, trad. Rabillon, 1882.djvu/54

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

rées, toucha chacun d’eux du bout de son sceptre pour s’assurer de leur embonpoint, et les renvoya en faisant un signe à ses gardes. Le tour de Thésée étant venu, il le regarda plus attentivement, car il avait remorqué dans les traits de ce dernier une expression de calme et de bravoure.

« Jeune homme, lui demanda-t-il d’un ton sévère, n’es-tu pas effrayé à l’idée d’être dévoré par le Minotaure ?

— J’ai offert ma vie en sacrifice pour une bonne cause ; voilà pourquoi je la donne sans hésitation et sans terreur. Mais toi, roi Minos, n’as-tu pas horreur de ta propre cruauté, toi qui livres, chaque année, quatorze innocents à la voracité d’une bête féroce ? Ne trembles-tu pas, prince pervers, quand tu descends au fond de ta conscience ? Pendant que tu es là, assis sur ton trône d’or et revêtu des insignes de la majesté, je te le dis en face, roi Minos, tu me parais un monstre plus hideux que le Minotaure lui-même !

— Ah ! ah ! c’est ainsi que tu me considères ? s’écria le tyran en riant d’un rire d’hyène qui lui était naturel. Demain, à l’heure du déjeuner, tu auras l’occasion de vérifier la justesse de ta comparaison ! Gardes, emmenez-les ; et que ce téméraire ouvre l’appétit du Minotaure ! »

Je n’avais pas eu le temps de vous dire que près du trône se tenait debout Ariane, la fille du ter-