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— C’est parce que je suis prince, votre fils, et l’héritier du trône, que je veux prendre ma part des calamités qui pèsent sur vos sujets. Quant à vous, mon père, qui régnez sur ce peuple, et répondez de son bonheur devant les Dieux, votre devoir est de sacrifier ce que vous avez de plus cher, plutôt que d’exposer la vie du fils ou de la fille du plus pauvre citoyen. »

Le vieux roi supplia Thésée, en versant des larmes, de ne pas l’abandonner sans consolation au terme de sa carrière, au moment où il venait de connaître un fils aussi vertueux et aussi vaillant. Ces raisons ne changèrent rien à la résolution de Thésée. Cependant il déclara à son père qu’il était bien décidé à ne pas se laisser dévorer sans résistance comme un faible agneau, et que, s’il succombait, le régal du monstre serait au moins troublé par un combat à outrance. À la fin, le roi, vaincu par la volonté du prince royal, consentit a lui permettre de partir. Un vaisseau, dont les voiles étaient noires, attendait dans le port. Thésée, accompagné de six autres jeunes hommes, et suivi de sept jeunes filles d’une remarquable beauté, s’avança vers le lieu d’embarcation. Une multitude affligée leur faisait cortège. Le pauvre roi, lui aussi, était là, appuyé sur le bras de son fils, et paraissait résumer dans son cœur toutes les cruelles angoisses d’Athènes.

Au moment où Thésée allait monter à bord du