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qui nous impose une cruelle obligation à remplir. À pareil jour, chaque année, nous devons tirer au sort les noms des jeunes garçons et des jeunes filles d’Athènes destinés à être dévorés par le Minotaure !


— Le Minotaure ! s’écria Thésée ; et en prononçant ce nom, en valeureux prince qu’il était, il porta la main à la garde de son épée. Quel est ce monstre ? N’est-il pas possible, au risque de sa vie, de le combattre et de le vaincre ? »

Le vénérable Égée secoua tristement la tête, et, pour convaincre son fils des difficultés insurmontables d’une pareille tentative, il entra dans des explications longues et détaillées. Il paraît que dans l’île de Crète existait un monstre effroyable appelé du nom que nous avons dit, moitié homme moitié taureau, dont l’ensemble offrait à l’imagination une créature d’une forme hideuse, et dont l’idée seule produisait une impression terrible. S’il fallait qu’un être aussi affreux souillât la terre, au moins eût-il dû être relégué sur une île déserte ou au fond d’une caverne obscure où personne ne pût être épouvanté de sa présence. Mais le roi Minos, qui régnait sur la Crète, avait dépensé une somme considérable à construire une habitation pour le Minotaure ; la santé et le bien-être du monstre étaient pour lui l’objet des plus grands soins, de la plus constante sollicitude, et cela dans le seul but de faire