Page:Hawthorne - Le Livre des merveilles, seconde partie, trad. Rabillon, 1882.djvu/38

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Thésée, une fois amené dans l’appartement royal, n’eut d’attention que pour contempler le vieux monarque, dont la barbe blanche rendait l’aspect encore plus vénérable. Il était là, assis sur un trône splendide, une couronne étincelante sur la tête et un sceptre dans la main. L’âge et les infirmités affaissaient son corps, sans cependant enlever à sa figure la noblesse et la majesté. Les yeux du jeune homme se mouillèrent de larmes ; larmes de joie et de tristesse, car il souffrait en voyant son père si faible et si infirme, et en même temps il se réjouissait à l’idée de lui apporter le soutien de sa jeunesse et de sa vigueur, de l’entourer de soins, de sollicitude et d’amour. Pour ranimer dans un vieillard les sources épuisées de la jeunesse, la chaleur d’un cœur filial est plus puissante que tous les liquides en ébullition dans la chaudière magique de Médée ; et il tardait à Thésée de laisser éclater les sentiments affectueux qui remplissaient son cœur. Il lui fut impossible de mettre plus longtemps à l’épreuve la mémoire de son père : il n’avait plus qu’un désir, c’était de se jeter à ses pieds.

Il s’avance vers les marches du trône et essaye de prononcer un petit discours qu’il avait préparé en montant l’escalier du palais. Mais l’émotion arrête sur ses lèvres l’expression des sentiments dont son âme était de plus en plus envahie. Sa poitrine se gonfle ; il reste muet et interdit, sentant qu’il n’a