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Thésée s’était illustré par plusieurs hauts faits à l’aide du glaive à poignée d’or de son père, et avait déjà conquis la réputation d’un des plus braves jeunes gens de son temps. Son renom le précédait partout sur sa route, et le bruit de ses grandes actions était même parvenu jusqu’à Athènes. À son entrée dans cette ville, il vit les citoyens groupés au coin des rues, mêlant son nom à leurs entretiens. Hercule, Jason, Castor et Pollux étaient, à leur avis, des modèles de bravoure ; mais ils prédisaient que Thésée, le fils de leur roi, se placerait un jour au-dessus de ces héros. En entendant ces propos flatteurs, celui qui en était le sujet accéléra sa marche, certain qu’une magnifique réception l’attendait à la cour de son père, et que la Renommée, embouchant sa trompette, allait crier au roi : « Voilà ton fils ! » Il ne soupçonnait pas, le naïf jeune homme, que dans cette même ville d’Athènes, où régnait pourtant son père, des dangers plus grands menaçaient ses jours. C’était cependant la vérité. Il faut que vous sachiez que le roi Égée, sans être très avancé en âge, dépérissait à vue d’œil, usé par les soucis du gouvernement, et affaibli par une vieillesse prématurée. Ses neveux, comptant bien que le monarque ne vivrait pas longtemps, projetaient de se partager ses États. Mais quand ils apprirent que Thésée arrivait à Athènes, et qu’il se signalait par une si rare bravoure, ils comprirent qu’il ne les laisserait