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dit jamais de vue que son père, le roi Éson, avait été précipité du trône par un certain Pélias, qui l’aurait aussi mis à mort lui-même s’il n’eut trouvé un asile secret chez le centaure. Parvenu à l’âge d’homme, Jason se sentit assez de détermination pour revendiquer des droits incontestables et punir le traître Pélias.

Plein de ses projets, il prit une lance dans chacune de ses mains, jeta sur ses épaules une peau de léopard pour se préserver de la pluie, et partit avec ses longues boucles de cheveux blonds flottant au vent. La partie de son costume dont il était le plus fier consistait dans une paire de sandales qui avait autrefois appartenu à l’auteur de ses jours. Ces sandales, richement brodées, se liaient sur ses pieds avec des courroies. Son accoutrement général avait un aspect assez original, comme vous voyez. Les femmes et les enfants se mettaient aux portes et aux fenêtres pour le voir passer, se demandant où ce beau jeune homme pouvait diriger ses pas, avec sa peau de léopard et ses sandales à bandelettes d’or. Quels exploits se proposait-il d’accomplir, armé, comme il l’était, d’une lance dans chacune de ses mains ?

Je ne sais quelle distance il avait déjà parcourue, quand il arriva sur les bords d’un torrent qui lui barrait le chemin. Le courant tumultueux se couvrait d’écume, agité par la lutte acharnée des va-