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« Non vraiment, répondit la jeune fille. Votre cuisinier en chef est constamment occupé à cuire, à bouillir, à rôtir, à travailler la pâte, et à essayer la composition de quelque mets nouveau qu’il imagine devoir me plaire. Il a beau suer sang et eau, ce pauvre petit bonhomme ; vous pourriez aussi bien lui éviter tant de tracas. Je n’ai d’appétit pour rien au monde, si ce n’est pour une tartine de pain cuit par ma mère, ou pour un fruit de son jardin. »

Quand Pluton entendit ces paroles, il commença à s’apercevoir qu’il s’était grandement mépris sur le moyen de séduire Proserpine. Tous les mets et toutes les friandises artificielles du cuisinier étaient loin, dans l’opinion de la bonne petite fille, de flatter le goût aussi délicieusement que la nourriture simple à laquelle Cérès l’avait accoutumée dès son bas âge. Surpris de n’avoir jamais eu cette idée, il envoya un de ses fidèles serviteurs, avec un grand panier, à la recherche des poires, des pêches et des prunes les plus belles et les plus savoureuses qu’on pût se procurer sur le globe. Par malheur, c’était le temps pendant lequel celle qui présidait aux productions de la terre avait tari la végétation dans toutes ses sources. Après avoir parcouru les différentes contrées du monde, le messager du roi Pluton ne put trouver qu’une seule grenade, et encore desséchée au point de n’être pas mangeable. Néanmoins, comme il n’y avait rien de meilleur, il ap-