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remplies d’objets rares et précieux. Sous ses innombrables colonnades, on respirait une atmosphère pesante et triste. Le souffle d’une mélancolie invisible s’y glissait au-devant de Proserpine, partout où elle pénétrait ; l’écho même de ses pas avait quelque chose de morne. L’éclat des pierres précieuses dont les voûtes resplendissaient ne valait pas encore le plus faible rayon de l’astre qui nous éclaire ; les perles les plus brillantes et des nuances les plus riches qui servaient de jouets à Proserpine, ne pouvaient entrer même en comparaison avec les simples fleurs qu’elle cueillait autrefois. Quoi qu’il en fut, partout où elle passait, une émanation de la nature semblait se répandre autour d’elle. On eût vraiment dit que de ses deux mains tombait une rosée régénératrice. Depuis l’arrivée de Proserpine, le palais avait perdu cet aspect de majesté artificielle et de sombre magnificence qui le caractérisait auparavant. Tous les hôtes de ce séjour pouvaient constater le changement qui s’était opéré, et le roi Pluton plus que tout autre.

« Ma chère petite, s’habituait-il à dire, je désirerais que tu m’aimasses un peu plus. Nous autres habitants de cet empire de ténèbres et de mystères, nous avons au fond du cœur autant de chaleur que ceux qui sont doués d’un caractère léger et facile à égarer. Si tu voulais seulement demeurer avec moi de ton propre consentement, tu me donnerais plus