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Proserpine. Elle erra ainsi par le monde, l’air égaré et la chevelure au vent ; et les gens qui se trouvaient sur sa route, la prenant pour une femme qui avait perdu la raison, ne se seraient jamais imaginé que c’était là Cérès, la protectrice des champs, celle qui présidait à la culture de toutes les graines semées par la main du laboureur. Dans cette circonstance, s’inquiétant peu du temps favorable aux semailles et à la moisson, elle laissa les fermiers et les agriculteurs prendre soin eux-mêmes de leurs propres affaires. Les récoltes séchèrent ou mûrirent comme elles purent. Le seul spectacle qui l’intéressât, c’était de voir des enfants folâtrer ou cueillir des fleurs le long du chemin. Alors elle s’arrêtait pour les regarder les larmes aux yeux. Les enfants eux-mêmes se montraient sensibles à son chagrin. Ils se rassemblaient en groupes autour de ses genoux, et fixaient sur elle de grands yeux, avec une expression d’étonnement et de sympathie ; après leur avoir donné à tous un baiser, elle les reconduisait à leurs maisons, en avertissant les mères de ne jamais leur permettre d’errer ainsi trop loin d’elles :

« Car il peut vous arriver, disait-elle, comme à moi, que ce roi Pluton, au cœur de fer, prenne plaisir à les enlever dans son char et à vous les arracher. »

Un jour, pendant son pèlerinage, elle arriva de-