Page:Hawthorne - Le Livre des merveilles, seconde partie, trad. Rabillon, 1882.djvu/272

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

larmes dans la voix, ta lyre tient la place de ton cœur. Adieu !

— Veuillez rester un moment encore, reprit Phébus, et écoutez une improvisation poétique sur la touchante histoire de Proserpine. »

Mais Cérès secoua la tête et s’éloigna sans mot dire avec sa compagne Hécate.

Phébus, qui, comme je vous le disais, était un poète de génie, se mit immédiatement à composer une ode sur la douleur de la pauvre mère ; et, si nous devions juger de sa sensibilité par cette exquise production, il était certainement doué du cœur le plus aimant. Mais quand un poète s’habitue à tendre les fibres de son cœur pour tirer de sa lyre des accords harmonieux, il peut les faire vibrer autant qu’il lui plaît, sans pour cela sentir lui-même la moindre émotion. Aussi Phébus, en chantant sa mélodie empreinte d’une mélancolie amère, resta aussi calme et aussi joyeux que les rayons qui l’environnaient.

Cérès avait enfin découvert, la pauvre mère, ce qu’était devenue sa fille ; cependant, cette révélation n’apportait aucun soulagement à son malheur. Au contraire, le désespoir entra plus profondément dans son âme. Tant que Proserpine aurait respiré sur la terre, toute espérance de la rejoindre n’était pas évanouie. Mais la pauvre enfant, renfermée au centre du globe, chez un roi ténébreux, dont les