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durèrent les recherches fatigantes de cette mère désolée.

Elle n’adressait pas seulement ses questions aux êtres humains. Au milieu des bois et le long des rivières, elle abordait de temps en temps des créatures d’un ordre différent, habituées à fréquenter, aux premiers âges du monde, les lieux d’un aspect agréable et solitaire, et accueillant avec bienveillance les personnes familiarisées avec leurs manières et leur langage, comme l’était Cérès. Il lui arrivait par exemple quelquefois de frapper légèrement du doigt l’écorce rugueuse d’un chêne antique et majestueux ; aussitôt la grossière et sauvage enveloppe du tronc s’entr’ouvrait et livrait passage à une gracieuse jeune fille, hamadryade de l’arbre, compagne fidèle de sa vie, et prenant sa part des jouissances apportées au feuillage de son protecteur par les doux Zéphyrs. Mais aucune de ces nymphes de la verdure n’avait vu Proserpine. Un peu plus loin, Cérès arrivait près d’une fontaine dont l’eau jaillissait du sein de la terre par une ouverture remplie de cailloux, Elle y trempait le bout des doigts, et soudain sortait de la source mystérieuse une jeune femme, avec une chevelure ruisselante, qui se tenait debout devant celle qui l’avait appelée, et, obéissant aux ondulations incessantes du courant, attendait ses ordres toute tremblante. Quand cette dernière lui demandait si sa pauvre enfant perdue