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Le roi Pluton avait pris une route qui commençait à devenir fort obscure. Des rochers et des précipices la bordaient de toutes parts, et le bruit des roues y produisait un retentissement dont l’écho ressemblait aux roulements de la foudre. Les arbres et les buissons qui croissaient dans les crevasses des rochers étaient revêtus d’un feuillage à teinte sinistre ; petit à petit, bien que la journée fût peu avancée, le ciel se voilait sous un crépuscule grisâtre. Les chevaux, après une course aussi rapide, se trouvaient déjà au delà des limites de l’occident. Mais plus l’atmosphère se couvrait de ténèbres, plus un air de vive satisfaction se répandait sur les traits du souverain des abîmes terrestres. Après tout, c’était un personnage dont l’apparence ne présentait rien d’effrayant, surtout quand un sourire évidemment emprunté s’épanouissait sur ses lèvres. Proserpine lui lança un coup d’œil à travers l’ombre de la nuit, et espéra qu’il n’était pas si méchant qu’elle l’avait jugé au premier abord.

« Ah ! ce crépuscule est vraiment rafraîchissant, dit le roi Pluton, que cette impertinente et fâcheuse splendeur du soleil avait si fort incommodé. Comme les lampes et les torches offrent une lumière bien plus agréable, particulièrement quand elle est réfléchie par l’éclat des diamants ! Nous jouirons d’une vue magnifique au moment où nous arriverons.